Elles sont loin les courses effrénées de la maison à chez la nounou, de chez la nounou à l’école, de l’école au RER, du RER au bus, du bus au travail, du travail au bus, du bus au RER et cetera… Mais, nous continuons à marcher.
Dans le parc de Gaspésie, nous refaisons une rando familiale qui se termine sous une pluie effroyable qui génèrera l’ajout de la ligne mouchoirs jetables sur notre budget. Cette nécessité de mouchoirs jetables nous a permis de vérifier à nouveau cet esprit familial, de groupe des québécois. En effet, à notre grande surprise, les mouchoirs jetables, en paquet individuel, tels que nous les connaissons sur le vieux continent, ne semblent pas avoir leur place sur les rayonnages des supermarchés que nous avons visités en quête de cet objet précieux pour nous quatre actuellement. Il n’y a que des grosses boites familiales. Un malheur fait toujours un bonheur. Cela fait exactement 50 jours que j’ai laissé à regret mon petit sac à main, mon baise-en-ville individuel pour le troquer contre un sac à dos familial. Miracle, c’est le format idéal pour caser la grande boite de mouchoirs jetables pour nos sorties hors territoire VR.
Revenons à notre rencontre avec la nature, la faune… Nous avions déjà eu l’extrême chance d’apercevoir des dos de cétacés ; avec Elmina, nous avons pu admirer des crottes d’orignal lors de notre ballade pluvieuse. L’orignal ne devait pas être loin. Mais, comme cet animal a une taille relativement importante, nous avons préféré rester dans le sentier sans partir à sa recherche.
La pluie nous ayant déjà tenu compagnie régulièrement depuis notre départ, nous avions un fort souhait de beau temps. Au Sud de la Gaspésie, sur les bords de l’Atlantique, existe la Baie des Chaleurs, connue pour son microclimat clément. On ne va pas vous mentir. Cela a été un peu la déception. Les grosses baraques, les boutiques à touristes propres aux bords de mer étaient bien présentes. Nous nous étions imaginés nous prélassant sur la plage. Nous n’espérions pas forcément nous baigner car la température de l’eau ici nous ferait (presque) regretter la Bretagne. Mais, les plages n’étaient pas tout à fait comme nous les avions envisagées : de la boue, du bois mort, des cailloux… Même Soriane, qui de loin est celle qui se contente le plus facilement du moindre bout d’extérieur que nos différentes étapes lui permettent, n’a pas voulu rester plus de cinq minutes sur la plage les pieds dans la boue. En effet, Soriane s’émerveille de tout ce que lui propose la nature. Nous commençons à avoir une belle collection de pots de café vides emplis de sable, terre, cailloux, bout de bois, carapace de crabes desséchée, coquillages, cailloux et encore cailloux dans les soutes du VR. On évite de rester trop longtemps en zone urbaine, on repartirait avec des morceaux de bitume.
Nous avions décidé de quitter enfin le Québec francophone pour découvrir le New Brunswick. Nous avions envie de changer de langue. Nous n’avions pas prévu de faire le tour des côtes du New Brunswick mais de faire simplement une petite incursion linguistique avant de revenir au Québec. Nous traversons donc cette région de Campbellton jusqu’à la frontière américaine. Nous suivons une grande et belle et parfaitement entretenue route pendant des kilomètres et des kilomètres au milieu de forêts et de montagnes. La précision sur l’entretien des routes fait suite à notre expérience québécoise. Les routes au Québec ne sont pas toujours en bon état et c’est un euphémisme. Les québécois eux-mêmes s’en étonnent. On aurait pu penser que la rapide détérioration des routes était liée aux conditions climatiques mais les Etats voisins canadiens supportant le même climat ont une voirie plutôt impeccable. On nous a laissé entendre à plusieurs reprises que la cause de ce besoin sans cesse de refaire les routes puisqu’elles sont abimées pourraient résulter d’un lien privilégié entre secteur de la construction et décideurs politiques. Mais, nous ne voudrions pas créer de rumeur sans preuve ; nous relatons juste quelques conversations.
Nous sommes donc presque seuls au monde dans notre camion sur la route 17 du NB en pleine nature. Nous sommes un peu étonnés ; chaque chemin partant dans la forêt est fermé par une chaine avec panneau mentionnant propriété privée. En fait, cette belle nature que nous admirons appartient à de grosses compagnies forestières exploitant les forêts, arrosant le territoire de produits chimiques pour accélérer la croissance des arbres. Les populations locales se sont regroupées pour dénoncer ces pratiques face à l’augmentation du nombre de cancers. Nous croisons des camions énormes transportant des troncs d’arbre à toute berzingue, nous voyons des scieries gigantesques de chez gigantesque… Sans connaître tous ces détails, à l’œil, le paysage demeure magnifique. Au fait, dans cette partie du New Brunswick, on ne parle pas en anglais mais en français !
Nous retournons en terre québécoise et longeons le Saint-Laurent pour rejoindre Québec City. Cela faisait longtemps que nous n’étions pas confrontés à la grande ville. A notre arrivée, nous ne pensions rester qu’une ou deux nuits car vivre en camion en ville avec enfants, ce n’est pas toujours facile. Mais, charmés par la ville, nous sommes toujours là. Je laisse le soin à notre petite écrivaine en herbe de vous relater notre séjour (article en préparation). En plus, je dois vous quitter ; nous sommes invités à souper chez un pouceux (auto-stoppeur) avec qui nous avons partagé notre dernier trajet. Pour précision, le petit déjeuner s’appelle déjeuner, le déjeuner s’appelle dîner et le dîner s’appelle souper et peut commencer à partir de 17 heures.
Dernière minute : Le souper était délicieux 😉