Aux dernières nouvelles, nous quittions New York City et nous nous dirigions vers la Côte Ouest… un bout de chemin à faire !

 

La vie en RV aux States

Il faut le dire quand même, la circulation autour de New York, ce n’est pas autant la folie que l’on peut l’imaginer en tant que passagère. Nous nous étions fixés comme première destination la région d’Harrisburg en Pennsylvanie. A 9h30, nous étions ready et quittions New Rochelle. Nous avions fait le check-up du camion, remplacé les lumières manquantes des feux arrières. Tout ne se passe pas toujours comme prévu. Au bout de 100 mètres, nous nous rendons compte que nous avons un léger problème de freins. C’est parti pour la tournée des garages en banlieue new-yorkaise. Nous en faisons quelques uns mais ils ne s’occupent pas de ce type de véhicule. Finalement, nous en trouvons un, spécialisé dans les camions, qui nous explique que nous avons une fuite sur la ligne de freins et qui nous réparent rapidement. Généralement, en cas de problème, nous sortons les filles du camion et nous la jouons misérables français un peu perdus. Cette technique dite « des enfants en première ligne » est bien moins coûteuse et plus convaincante que celle dite des « dollars ». Elle n’est pas forcément appréciée de notre ainée. Malgré tout, délestés de quelques dollars (mais pas trop), nous reprenons la route en début d’après-midi et arriverons à notre objectif initial, le parking d’un magasin, en début de soirée.

Sur la route, nous faisons, cependant, un détour pour vider les tanks à eaux usées. Sur le parking où nous souhaitions nous arrêter, il y avait bien une station de vidange mais à 10 dollars. Sur un site internet, nous en avions vu une gratuite ; il fallait juste faire un léger crochet. Finalement, le léger crochet était sur une route à péage, la station de vidange payante et le léger crochet nous a permis de rallonger notre trajet de plus d’une heure. Il va falloir qu’on se forme à la vie en RV aux USA et qu’on repère les sites internet à jours. Il nous faudra faire encore quelques arrêts avant de trouver du propane ; élément essentiel pour l’alimentation du réfrigérateur lorsque nous sommes en autonomie.

Pennsylvanie, Maryland et West Virginia

On a de l’eau, des vivres, du gaz, des freins… Cette fois, nous sommes vraiment prêts à traverser l’Amérique. Pour nos arrêts nocturnes, nous privilégions les campings des State Parks (parcs d’Etat) en pleine nature, peu onéreux. Il n’y a pas forcément de personnel sur place hormis les fameux rangers.

Pour notre premier arrêt au Gifford Pinchot State Park, il nous manquait juste un pack de bière. Nous nous arrêtons dans une station service : pas de bière. Nous allons ensuite dans une supérette : pas de bière. Mais, ils nous informent que la bière se vend dans un restaurant pizzéria. Nous faisons un nouveau détour de 15 kilomètres et trouvons, en effet, un rayon bière au fond du restaurant. Nous arrivons au camping du parc et là, un grand panneau stipulant que l’alcool est interdit dans le camping nous attend. Nous profitons du lieu, de la nature, de la baignade au lac et nous reprenons la route. Nous traversons un petit bout du Maryland. Chaque espace semble être la propriété de quelqu’un. En pleine nature, nous croisons des sortes de Wisteria Lane (les fans de DH comprendront) avec des maisons de folie.

Nous arrivons en West Virginia. La route est belle, le paysage est vallonné, la forêt est omniprésente et l’automne pointe le bout de son nez avec ses multiples couleurs.  Nous dormons dans un State Park (appelé le Paradis des Ours) un peu ultra roots, dans des bois très serrés, silencieux la nuit, perdus au milieu de nulle part, déserts. Je repense à la hache. Nous continuons notre route dans le beau décor de Virginie Occidentale et faisons une nouvelle étape dans un nouveau bois. Le lieu est un peu plus civilisé. On a accès à l’eau, il y a des gens et aussi des biches se baladant sur le terrain. Le ranger nous a même dit avoir vu deux ours le jour de notre arrivée. Nous avons eu la chance ou la malchance de ne pas en avoir croisé un. Heureusement qu’il y avait d’autres personnes et que les gens de West Virginia sont très accueillants, nous avons rencontré un petit problème technique avec notre plomberie. Lorsque nous allumions la pompe à eau, au lieu de faire monter l’eau dans le camping car, elle la faisait gicler à l’extérieur. Pas très pratique, mais les campeurs sont venus à notre aide. Nous n’avons pas pu réparer sur place mais nous savions quelle pièce changer.

Escale technique urbaine obligatoire, nous allons dans un magasin de RV. Nous sortons la technique « les enfants en première ligne ». Comme par magie, ils nous changent la pièce sans compter la main d’œuvre. C’était plutôt approprié car nous n’avions pas les outils pour le faire nous-même. Nous avions bien acheté une trousse bricolage à notre arrivée au Canada mais nous avions du nous tromper de rayon et aller dans celui des jouets vu la taille de nos pinces. Allez, l’eau fonctionne. On peut retourner dans les bois.

Kentucky, Indiana et Illinois

Nous passons par le Kentucky. Le paysage change. Nous voyons des fermes énormes avec chevaux qui courent dans les près. Cela donne l’impression de se retrouver dans un film sur l’époque coloniale. Le Kentucky est connu également pour ses whiskys. Seb va faire du shopping dans une distillerie (c’est top classe). Pendant ce temps, nous faisons l’école dans le camion sur le parking. Comme nous roulons tous les jours en ce moment, il est difficile d’avoir un rythme régulier pour l’école. Au moins, elles connaîtront la géographie et la faune américaine.

Nous retournons dans les bois et passons la nuit dans un State Park mais cette fois, ce sera en Indiana. Le lendemain, nous avons pour objectif d’atteindre Saint Louis au Missouri. C’est la canicule ici ; il fait chaud dans le camion. Nous décidons de nous arrêter deux jours dans un nouveau bois de l’Illinois. Nous sommes à l’ombre dans une forêt aérée, à côté d’un lac pour la baignade. Les paysages changent ; nous approchons des grandes plaines. Le relief est moins vallonné, les forêts sont moins denses et l’automne n’est pas encore arrivé.

 

Point de vue de touristes

De bois en bois, nous avançons sur la route vers l’Ouest. Ce qui est un peu dommage en ce moment ; c’est que nous ne rencontrons pas trop de gens. La journée, nous sommes dans le camion à rouler ; le soir, dans les State Parks, il n’y a pas grand monde (la saison est finie et certains parcs sont vraiment isolés). Mais, nous n’avons que trois mois, il faut avancer. Alors, nous rencontrons les gens lors de nos pauses déjeuner dans les « restaurants ». Partout sur la route, il y a des fast-food. Les prix sont plutôt bas mais c’est souvent très gras, sucré et la viande fait peur. C’est halloween avant l’heure ! Nous nous arrêtions pour aller plus vite le midi mais nous avons une notre dose. Nous allons nous repréparer nos petites lunch box dans le camion.

Dans le centre des Etats-Unis, les personnes sont sympathiques avec nous (on essaye aussi de l’être) voire ultra enjouées de rencontrer des français. Beaucoup nous disent n’avoir jamais rencontré de français ; on nous prend même en photo. Certains n’ont jamais entendu parler de la France, d’autres l’imaginent emplies de terroristes (on nous en parlait déjà au Canada). Il y a juste un seul endroit où je ne me suis pas sentie très bien. Nous cherchions du bois pour la flambée du soir ; la ranger du camping nous a orientés vers un bar. Nous sommes arrivés sur place ; le bâtiment était lugubre, opaque ; on ne voyait pas ce qui se passait à l’intérieur. Seb a voulu utiliser la technique « nana en petit short en première ligne ». Je suis rentrée, une dizaine de personnes était installée au comptoir dans une salle sombre, basse de plafond. Une matrone ultra maquillée, les cheveux blondis m’interpelle « Hy, Honey ! » Tout pareil, comme dans un film… Elle ne voulait me vendre le bois que par brouette… Allez, on va aller ailleurs. Sinon, le reste de nos rencontres, c’est plutôt du plaisir. Ce soir, on a encore eu des petits cadeaux : livres de coloriages et crayons pour les filles, cheese cake pour nous.

Il faut cependant noter que nous sommes interpelés par certaines différences culturelles. Nous n’avons jamais croisé autant d’églises et d’Eglises. Nous n’avons jamais vu autant de drapeaux (même plus qu’à un rassemblement de bretons). Depuis que nous avons quitté la Côte Est, nous avons l’impression que la question écologique n’est pas du tout prise en compte. Après avoir gardé nos poubelles, papier, verres, cartons, plastiques pendant un certain temps, nous nous sommes rendus comptes qu’il ne semble pas y avoir de tri des déchets. C’est le paradis du sac plastique. Au supermarché, on range tes courses pour toi, mais pas plus de deux aliments par sac. Pour un chariot familial, tu repars avec une vingtaine de sacs. C’est aussi le paradis de la voiture. Il y a même des parkings devant les sanitaires des campings car les gens se déplacent en voiture. Ce n’est pas gagné pour la planète, ni pour la santé des américains (peu de mobilité, habitudes alimentaires). Beaucoup ne paraissent pas en très grande forme. Les problèmes de poids touchent beaucoup les jeunes et même les très jeunes. Dans les magasins, il y a des sortes de chariot-scooter électriques pour que les personnes circulent dans les rayons.

PS : On dit des américains mais notre empreinte carbone n’est pas au mieux en ce moment. On consomme du carburant toute la journée. On consomme du papier à la folie. Soriane doit avoir attraper le syndrome du petit poucet. Elle coupe, découpe, recoupe des petits bouts de papier en permanence et les sème un peu partout… Peut-être a-t-elle peur de ne pas retrouver son chemin ?